Au cœur de l’actualité ces dernières années, les déserts médicaux restent une préoccupation majeure pour la population française. Ce phénomène s’explique par une baisse constante du nombre de professionnels de santé liée notamment aux départs en retraite sans successeur. Dentistes, ophtalmologues, pédiatres, gynécologues, cardiologues… l’accès aux soins devient un véritable casse-tête pour les patients, ce qui est entre autres le cas dans la Vienne.
Qu’entendons-nous par désert médical ?
Un désert médical est une zone géographique au sein de laquelle la densité de professionnels de santé est insuffisante par rapport aux besoins de la population. Ce terme revêt une double dimension.
- Une dimension spatiale liée à la densité des médecins généralistes et spécialistes sur un territoire : cela a pour conséquence un éloignement géographique plus important entre ces professionnels de santé et leurs patients.
- Une dimension temporelle liée au nombre de patients par médecin : plus un médecin reçoit de patients, moins il a de temps à accorder à chacun d’eux, ce qui entraîne une baisse de la durée des consultations. Cette dimension temporelle entraîne également une nette augmentation des délais d’attente pour obtenir un rendez-vous.
Quelques chiffres sur les déserts médicaux dans la Vienne
En 2022, l’UFC-Que Choisir de la Vienne a réalisé une étude sur les déserts médicaux du département. Dans la Vienne, 12,6 % des habitants rencontrent de réelles difficultés pour consulter un médecin généraliste. Et lorsque l’on regarde les chiffres par spécialité, les résultats sont d’autant plus marquants. La part de la population du département vivant dans un désert ophtalmologique s’élève ainsi à 39,2 %. L’enquête a également démontré que 38,6 % des enfants résident dans un désert pédiatrique. De plus, 40,9 % des femmes de plus de 15 ans de la Vienne font face à la même problématique quand il s’agit de prendre rendez-vous avec un gynécologue.
Au 1er janvier 2023, la densité des professionnels de santé pour 100 000 habitants dans la Vienne s’élevait à :
- 352 médecins, dont 156 généralistes et 196 spécialistes ;
- 111 pharmaciens ;
- 43 chirurgiens-dentistes.
Les zones en pénurie de professionnels de santé dans la Vienne
Dans la Vienne, de nombreuses communes font face à une pénurie de professionnels de santé, et plus particulièrement en milieu rural. Le Nord-Vienne et le Montmorillonnais sont particulièrement touchés par la problématique de désert médical. En effet, de nombreux cabinets médicaux et pharmacies ont fermé leurs portes dans ces territoires, faute de repreneur. De ce fait, plusieurs communes sont classées en tant que zones d’intervention prioritaire (ZIP). De son côté, la ville de Poitiers, qui manque également de médecins, risque de devenir également un désert médical.
Les conséquences des déserts médicaux dans la Vienne
Comme sur le territoire national, le développement des déserts médicaux entraîne des répercussions fâcheuses sur le quotidien des habitants de la Vienne.
- Des temps de trajet plus longs pour accéder aux soins (30 minutes maximum pour les généralistes et 45 minutes pour les spécialistes).
- Des difficultés pour les patients pour trouver un nouveau médecin traitant, notamment à la suite du départ à la retraite de leur praticien s’il n’est pas remplacé, ce qui peut donner lieu à une rupture du parcours de soins.
- Une augmentation des délais d’attente pour consulter un médecin pouvant entraîner une dégradation de l’état de santé des patients.
- Un déport des consultations vers les urgences médicales.
- Voire une réduction de l’espérance de vie, en particulier en zone rurale.
Les dispositifs pour attirer de nouveaux médecins dans la Vienne
Sur le territoire, de nombreux moyens ont été déployés ou sont envisagés pour attirer de nouveaux professionnels de santé, et ainsi lutter contre les déserts médicaux. En février 2022, l’Agence régionale de santé (ARS) et la CPAM ont ainsi lancé une communauté professionnelle territoriale de santé, « Pictave Santé ». L’objectif de cette organisation est de favoriser l’accès aux soins des habitants de la Vienne. Le Département finance des travaux pour la construction de maisons médicales. Il propose également des bourses aux étudiants en médecine pour les inciter à démarrer leur activité dans les zones déficitaires. Une aide de 75 000 euros est également offerte par la Caisse primaire d’assurance maladie et le Département aux professionnels de santé qui s’installent dans la Vienne.
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