Maladies cardiovasculaires, 1ère cause de décès chez la femme
Avec l’évolution du mode de vie des femmes ces 30 derniers, celles-ci sont de plus en plus exposées aux facteurs de risques cardiovasculaires. Au point qu’aujourd’hui, les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité chez la femme devant les cancers.
Une situation qui pourrait être améliorée par une meilleure connaissance des risques et des symptômes mais aussi par une meilleure prise en compte du corps médical dans la spécificité des diagnostics et des traitements.
Le tabagisme, l’association du tabac et de la contraception œstroprogestative, une sédentarité élevée, la consommation d’alcool, l’obésité… sont autant de facteurs de risques qui depuis 30 ans a conduit les femmes à se retrouver fortement exposées aux maladies cardiovasculaires. « En effet, aujourd’hui ces maladies sont la première cause de décès chez la femme devant les cancers, souligne le Pr Luc Christiaens chef du service cardiologie du CHU de Poitiers. Environ 200 femmes en décèdent par jour. Ce qui représente 6 fois plus de décès que le cancer du sein. »
Une maladie d’homme ?
À cela s’ajoute une méconnaissance de la femme vis-à-vis de ces maladies. « Elles souffrent de certains préjugés, toujours considérées aujourd’hui comme des maladies de l’homme. Ce qui peut entrainer une mauvaise appréciation. Dans un sondage récent, 2/3 des femmes le pensent encore. Cette méconnaissance s’améliore toutefois chez les femmes de moins de 25 ans. »
La communication grand public concoure aussi à véhiculer cette image masculine en mettant en avant les symptômes de la douleur thoracique forte qui se diffuse ensuite dans le bras gauche. Alors que la symptomatologie chez la femme est plus difficile à cerner. « Elle a d’autres signes avant-coureurs tels qu’une sensation de fatigue, un essoufflement, des palpitations à l’effort, des sensations de douleur au niveau thoracique, mais loin de l’étau qui est décrit chez l’homme.». La conséquence ? « Un retard de prise en charge. C’est typique pour l’infarctus, constate le Pr Christiaens. Et les études montrent que ce retard de prise en charge induit moins de revascularisation chez la femme, moins de réadaptation. »
Autres aspects qui ne participent pas forcément à une meilleure prise en charge : Une présence moins forte des femmes dans les études de recherche et le propos portant sur le fait que les femmes seraient moins confrontées que les hommes aux maladies cardiovasculaires jusqu’à la ménopause grâce à un effet bénéfique des œstrogènes. « C’est en partie vraie, mais c’est sans compter les problèmes dont certaines femmes peuvent être porteuses : hypertension, hypercholestérolémie, risques familiaux…
Après une crise cardiaque : une mortalité supérieure de 50 % à celle des hommes
La mortalité des femmes au cours de l’année suivant une crise cardiaque est supérieure de 50 % à celle des hommes. Un changement d’attitude est donc nécessaire dans l’approche de ces maladies par la femme elle-même mais aussi par le corps médical. « Ce dernier doit être plus vigilant pour offrir une prise en charge optimale. Les particularités des symptômes des femmes doivent être connues et traitées à l’égal des hommes en termes de délais de prise en charge et de moyens de traitements mis en œuvre. L’amélioration dans ces différentes méconnaissances permettra une meilleure prévention et une prise en charge plus efficace des maladies cardiovasculaires chez la femme. Aussi, outre la nécessaire lutte contre les facteurs de risques, un bon suivi avec le traitement adapté pourrait déjà être une belle avancée », conclut le Pr Christiaens.